lundi 1 décembre 2014

Seize vomis pour Sam








Pour aller plus loin sur Sixteen Candles (Seize bougies pour Sam en français), quelques liens :
- des extraits vidéo du passage Jake-Ted-Caroline : Caroline à la soirée (sans son (??) mais l'image parle pas mal) ; la discussion des deux garçons ; Ted et Caroline en voiture dans la nuit ; le réveil (la qualité est mauvaise, j'ai pas trouvé mieux, désolée).
- des extraits par rapport au racisme : 1 - 2
- oh, et puis le passage de la soeur défoncée lors de son mariage
- une bd d'une page d'Adrian Tomine sur son rapport avec Long Duk Dong
- un très bon article (en anglais, malheureusement) sur le film, qui développe certains problèmes plus qu'ici
- deux articles sur la culture du viol, parce qu'ici je n'en aborde qu'un tout petit aspect : sur Crêpe Georgette et sur Madmoizelle.


Comme d'habitude vous pouvez retrouver ce post sur mon tumblr ! J'espère que ça vous aura intéressé-e-s et je vous souhaite une bien bonne journée.

(et je continue à parler sur ma page facebook de bande dessinées faites par des auteurEs, tous les dimanches, si ça vous intéresse)


EDIT :

J'ai vu qu'on me reprochait d'avoir oublié de préciser que le film datait de 1984, et c'est vrai que j'aurais du le dire (d'ailleurs, je vais rajouter ça dans la BD au plus vite), je suis bien désolée.
J'ai vu sur Madmoizelle (merci pour l'article, au passage !!!!) que quelqu'un disait que ça ne servait à rien d'analyser les vieux films, que les mentalités avaient changées, et que dire que ce film promouvait le viol = dire que les films des années 50 sont sexistes. Je ne suis pas du tout d'accord.
Si replacer l'époque est effectivement pertinent, je ne pense pas que ça justifie le racisme et le sexisme de ce film, au contraire. Comme ce film est un peu vieux, et un classique, et un classique considéré comme "familial", il est d'autant plus dangereux : on se dit que si quelque chose a pu traverser les années tranquillement, c'est que y'a pas grand chose à craindre. Je ne dis pas qu'on va d'un coup se dire qu'il est exempt de tout sexisme, non non, mais que par exemple on ne va vraiment pas imaginer une seconde qu'il puisse y avoir un viol représenté, ni que le racisme de Long Duc Dong peut être plus qu'une "blague" (je vous conseille vraiment de lire la bd d'Adrian Tomine que j'ai mis dans les liens au dessus, pour montrer l'impact que ça peut avoir). Et du coup, on baisse sa garde, et on continue à regarder ces films, même 30 ans après, malgré tout, sans pointer tout ça du doigt.
Ensuite, par rapport à "c'est comme dire qu'un film des années 50 est sexiste" : justement, on ne le dit jamais, qu'un film des années 50 est sexiste, non ?  Ou alors c'est lancé comme ça, comme une petite épine, mais rien de plus. C'est d'ailleurs surtout utilisé pour contrer les gens qui disent que le film est sexiste, mais est ce qu'on vous a déjà présenté un grand film en ajoutant "attention, c'est sexiste/raciste/homophobe" par exemple ? Parce que j'ai vraiment l'impression que non, jamais. On ne dit pas que La nuit du chasseur est affreusement sexiste, simplement que c'est un chef d'oeuvre ; jamais que les films de la Nouvelle Vague le sont aussi pour la plupart, simplement qu'ils ont révolutionné le cinéma ; on ne dit pas que Truffaut ou Chaplin avaient un problème à enchaîner les conquêtes de 16/17ans en étant beaucoup plus vieux, simplement qu'ils étaient "de grands romantiques" ; et si on fait remarquer qu'il y a beaucoup trop de viols dans Les Valseuses on se fait traiter de coincé-e qui ne comprend pas que c'est l'essence du désir qui est représenté blablablabla....
Bref, tout ça pour dire que je pense que c'est intéressant et valable de s'attaquer aux films du passé, même si ce sont des classiques ou des chefs d'oeuvre, on peut - et on doit - reconnaître les problèmes qu'ils soulèvent, parce qu'ils sont encore vus et étudiés (mais rarement sous cet angle) aujourd'hui, et que ça ne veut pas dire non plus qu'on nie ce qu'il y a de bien et parfois de génial chez eux.
Voilà, pardon du pavé, je tenais juste à préciser ça ! 
Et merci à tous !

(pardon pardon je réponds aux commentaires ce soir snife je suis nulle déso et merci !)


17 commentaires:

Anonyme a dit…

J'allais te dire que ça ne servait à rien de critiquer les films de John Hugues parce qu'ils sont tous à chier sur ces points avant de me rendre compte qu'il y a beaucoup de monde qui le vénère donc ceci devrait aider les gens à s'en rendre compte.

Unknown a dit…

Coucou Marion,
C'est rigolo moi j'avais vu ça différemment. C'est à dire que pour moi le Geek à la fin prétend lui avoir fait l'amour.Du coup, pour pas perdre la face elle fait comme si c'était le cas alors qu'elle se souvient de rien.Ainsi, elle devient sa copine de manière tacite . Et soit c'est pas mieux.

Gaspard

janine a dit…

la séparation en vomi = élue idée de l'année 2014
BRAVO MIRION
(et super sur le fond, comme d'hab, mais ça...)

Anonyme a dit…

Dans le genre bien sympa aussi il y a Revenge of the Geeks.
Ce film c'est un peu la Culture du viol 101 ...

Waspbery a dit…

Si tu aimes les teen movie, en voici un pas pourri du tout et très original : But I am a cheerleader. J'avais beaucoup aimé.

Anonyme a dit…

Je plussoie sur Revenge of the geeks!

matho a dit…

Quand j'ai su que tu t'attaquerais Sixteen candles j'étais déjà conquise .Super note!

Parmis tous les points craignos chez john hughes (dont certains films restent des petits plaisirs très coupables) Sixteen Candles c'est vraiment une énorme fausse à merde.(et weird science a l'air vraiment craignos) Je suis également une grande fan de teen movies, aurais-tu en tête quelques films assez cool du genre et pas dégueulis a conseiller?

Lised d'Eau Douce a dit…

Jme suis pas payé le luxe de voir celui ci.
Mais cet été j'ai maté Weird Science, et j'ai vomi beaucoup aussi.

bisou.

Dimitri Menadà a dit…

Mirion, je t'aime.

(enfin, façon de parler hein, je ne suis pas tout à fait amoureux de toi mais j'aime vraiment ce que tu fais et je te respecte infiniment)(et merci aussi pour la petite pique à la Nuit du chasseur !)

Histofyl a dit…

Bonjour,
Je suis ton blog avec toujours autant de plaisir, et comme j'apprécie tout particulièrement tes critiques cinématographiques thématiques. Comme le féminisme - et en particulier le droit à l'avortement - est un thème central de ce blog, je voudrais te conseiller l'excellent film roumain "4 luni, 3 săptămâni și 2 zile" ("4 Mois, 3 semaines, 2 jours" en francais) de Cristian Mungiu. Je pensais que tu l'aurais déjà vu car il avait fait pas mal de bruit à sa sortie, mais je ne le vois pas dans ton post sur l'avortement. Alors je voulais etre sur que tu ne le rates pas. Il est poignant mais pas larmoyant, ce qui le rend particulièrement dur car cela insère le thème difficile dans des vies "normales", et cela rend des événements horribles terriblement proches.
Eh bien! Enjoy si tu ne l'as déjà fait!
Pardon pour le tutoiement d'office et le pseudo kitsch.

Anonyme a dit…

Juste pour information parce que ça me gonfle de toujours voir la faute partout. Home Alone n'a JAMAIS ÉTÉ RÉALISÉ PAR JOHN HUGUES mais par Chrus Colombus, un transfuge de la famille Spielberg.

Toc a dit…

Juste pour rebondir sur l'édit de fin. Dire qu'un vieux film est raciste ou sexiste peut être tout à fait pertinent, mais à condition de le replacer dans son époque. Pourquoi est-ce pertinent ? Tout simplement parce que des vieux films féministes anti racistes il y en a eu dès les années 20. Donc c'est intéressant de le souligner en les comparant avec d'autres films de l'époque.

Par exemple la Grande Illusion de Renoir est un film anti raciste. Non seulement un des personnages principaux (Rosenthal) est juif, mais on a même un soldat noir qui apparaît parmi les officiers français. Certes il fait une apparition très fugitive, mais il est en plein milieu du plan, impossible de le louper. Pour un film datant de 1937, ça vaut le coup de le faire remarquer.

Vous avez aussi des films qui sont marqués par leur temps. Que les femmes n'aient pas un grand rôle dans La poursuite infernale ou dans Lawrence d'Arabie n'est pas trop dramatique. On sait que la place des femmes n'étaient pas la même à l'époque qu'aujourd'hui. Le film n'était pas à l'avant-garde, mais ça n'enlève rien à sa qualité.

Et à côté de ça, certains films sont profondément sexistes ou racistes, y compris selon les critères de l'époque. Le problème du film dont on parle dans l'article n'est pas tant qu'il soit sexiste en lui-même, c'est qu'il était déjà sexiste par rapport aux critères des années 80.

Anonyme a dit…

Bonjour !!

Il y a quelque chose que je ne comprends pas :)
Comment fais-t-on pour faire l'amour ivre, si on dit aux garçons que c'est forcément du viol ?
J'adore avoir des relations sexuelles après avoir bu, quand je suis exactement dans l'état de cette fille dans la voiture. J'aime aussi le sexe "sobre" évidemment mais ce sont deux choses différentes qui ont chacune leur saveur. Je ne suis donc pas d'accord pour dire que faire l'amour quand on est ivre c'est immédiatement et forcément du viol, c'et un raccourci un peu court et c'est dommage je trouve !

Sinon chouette bd ^^

Mirion a dit…

Ola !

Par rapport au problème sexe/ivresse, effectivement il y a plus de nuances que "j'ai bu deux verres, si je couche c'est du viol", c'est davantage par rapport à la lucidité et à la possibilité de consentir.
Dans ce cas, Caroline est complètement inconsciente (juste avant, on l'a vu se faire couper les cheveux sans s'en rendre compte et son mec insiste bien sur le fait qu'elle est inconsciente), et quand elle se "réveille" elle ne peut pas faire la différence entre le geek et son copain : elle n'est clairement pas en état de décider si elle veut des relations sexuelles ou non. A tout ça on peut ajouter le fait que les deux gars planifient de la violer (et ils utilisent même ce terme), donc il y a carrément préméditation.

Du coup, ici le doute n'est pas permis, on n'est pas avec une fille qui se lâche après avoir bu des verres, mais avec deux types affreux qui organisent tranquillou de profiter de l'était d'inconscience de Caroline pour coucher avec elle sans lui demander son avis + qui font ça comme un échange de bon procédé (je t'offre cette fille si tu me cèdes celle là). Quels types charmants ! (non)

voilà voilà, merci du commentaire en tout cas :)

Claire a dit…

Merci beaucoup pour cette BD! J'ai vu 16 candles il y a très peu de temps, me suis fait exactement ces réflexions (et me suis couverte de visage de gêne à chaque blague sur l'étudiant chinois), les ai partagé à une connaissance cinéphile (paternelle) qui m'a malgré tout répondu "rhooooo ça va".
Me voilà donc rassurée de ne pas être la seule a avoir été choquée.
En plus ce film était globalement naze, même en temps que fan de teen movies.

Makkuro kurosuke a dit…

Tout ce que tu dis es juste. Maintenant trouver un Teen movie des annnées 80-90 voire 2000 qui n'ait pas son lot de remarques sexistes, racistes, homophobes. Bon courage ! C'est vrai que le contexte est important. On aimerait bien que les films des années 80 correspondent aux standards d'aujourd'hui mais l'evolution de l'égalité entre les sexes, les genres et les peuples ne s'est pas faite en un jour (sans parler du chemin qui reste encore à faire). A leur niveau et avec leurs maladresses ces films pour la plupart prônaient une plus grande tolérance et une ouverture à l'autre (y en a beaucoup aussi qui sont justes nuls à chier hein ^^). C'est ainsi on trouvera surement beaucoup à redire sur les messages progressistes d'aujourd'hui dans une vingtaine d'années. Attention à ne pas effacer les parties positives

Anonyme a dit…


Le film est clairement cynique, et c'est ce cynisme qui empêche d'avoir une lecture distanciée et critique. Un film peut-être politique simplement parce qu'il nous révolte sans nous donner la clé de son interprétation morale. Et si la société de l'époque n'a pas condamné les comportements que l'on y voit, c'est peut-être simplement qu'elle était trop aveugle pour lire le pamphlet sous le vernis de l'humour.

Le cinéma à une grammaire, celle que l'on voit dans ce film n'est pas celle d'american pie. Rien n'est fait pour nous faire rire véritablement. Quant à la scène ou les deux mecs s'imaginent pouvoir violer des filles, on peut voir qu'elle est filmée quasiment en plan séquence et qu'elle n'évite pas le mot "viol". L'acceptation d'ailleurs passe souvent par la négation, ce que le film ne fait pas quand il décide de nommer les pratiques. ( c'est d'ailleurs l'un des sujet du film). En somme à ce moment du film on vous dit clairement " il va y avoir un viol, nous le formulons ainsi, nous sommes conscients que le Geek et son pote sont des violeurs en puissance, des prédateurs, soyez prévenus". C'est une scène lourde dont le montage très light ne nous permet pas de nous échapper. C'est du full frontal. C'est une scène lourde pour un sujet grave. Le film ne nous prend pas pour des idiotes, il ne nous mâche pas le travail. Et la seule raison pour laquelle nous pensons qu'il est sexiste c'est qu'il ne nous dit pas " le viol c'est mal ". Il nous montre simplement un viol, sa culture, son acceptation ( c'est le point le plus important du film ) et ses conséquences sur le futur. (un mariage avec un connard, que l'intéressée supporte sous valium). Et c'est déjà beaucoup. C'est aussi un premier film, il est peut-être un peu maladroit, ce qui le rend, un peu contre productif.

En ce qui concerne le personnage asiatique il me semble que c'est un clin d'oeil à Breakfast at Tiffany's ( qui comporte également une scène de fête totalement chaotique). Le pauvre jeune homme finit tout de même par se faire pisser dessus par un chien et frapper par une vieille bourgeoise WASP. Ce n'est pas anodin.